A l’occasion de la journée mondiale des solitudes, la Fondation de France publie la 13e édition de son étude annuelle sur les solitudes en France, menée en collaboration avec une équipe de recherche (Cerlis et Audencia) et le Crédoc. Cette édition confirme l’ampleur de la solitude dans le pays : en 2023, 12 % des Français se trouvent en situation d’isolement total, et une personne sur 3 n’a aucun ou qu’un seul réseau de sociabilité (amis, voisins, famille, collègues ou milieu associatif). La faiblesse des interactions sociales continue de toucher prioritairement les plus modestes. En ce qui concerne le sentiment de solitude, 83 % des personnes isolées souffrent de cette situation, un chiffre en progression de 4 points par rapport à 2020. Cette édition propose un focus qualitatif sur les lieux de solitude, pour mieux comprendre les liens entre espace, territoire et isolement social.
L’inégalité territoriale et socio-professionnelle du lien social
Les personnes isolées, de même que celles se sentant seules1, sont beaucoup plus nombreuses dans les zones rurales fragilisées et les quartiers prioritaires. Des territoires où le taux de pauvreté est trois fois plus élevé que la moyenne métropolitaine2, et le taux de chômage une fois et demie supérieur. Les géographies de l’isolement se calquent donc sensiblement sur celles de la précarité, voire de la grande pauvreté.
Même si le taux de personnes isolées reste à peu près constant, passant de 11 % en 2022 à 12 % en 2023, on observe surtout une polarisation de la solitude.
En effet, en janvier 2023, l’isolement de certaines catégories s’aggrave : c’est le cas des agriculteurs, des artisans, des employés, et surtout des ouvriers, qui affichent le taux d’isolement le plus élevé (18 %). Parallèlement, 14 % des personnes disposant de faibles ressources se trouvent isolées début 2023, soit 3 points de plus que l’ensemble de la population. Les personnes au chômage, quant à elles, sont deux fois plus concernées par l’isolement relationnel que la moyenne de la population. Enfin, l’inflation apparait comme un facteur aggravant : 7 personnes sur 10 affirment avoir réduit leurs activités extérieures en raison de la hausse des prix3, 5 sur 10 ont limité leur sociabilité chez eux et au-dehors.